Les Aventures de Zordar – Nouvelle chronique

Dominik Vallet, scénariste, écrivain, éditeur (Temps Impossibles) à lu les Aventures de Zordar et il a apprécié. Vous pouvez lire sa chronique en suivant le lien ici : Chronique Zordar

J’en profite pour vous signaler que vous pouvez toujours vous procurer les tomes 1 et 2 des Aventures de Zordar sur Rakuten. C’est par ici : Zordar-Rakuten

Et vous pourrez avoir une dédicace !

Enfumage

La matinée s’annonçait belle sur Bélianthe, un soleil hivernal encore timide montrait son museau endormi et un peu partout l’activité des artisans, livreurs, gnomes postiers et autres commerçants commençait à prendre son essor.

Une épaisse fumée noire s’échappait de l’Esquif et soudain la porte s’ouvrit à la volée. Zordar, Mikhalar, Plumette et Drabza s’en échappèrent en toussant.

– -J’ai simplement voulu faire un feu ! s’écria le guerrier en crachant dans la neige qui depuis quelques jours recouvrait Bélianthe. Mais qu’est ce qu’il s’est passé ? D’habitude elle tire bien cette cheminée !

Drabza se gratta la tête.

-Oh pétard, mon Zouzou, je les plains, les pôvres.

-Qui ça ? demanda Mikhalar.

-Ceux qui sont dans le conduit…C’est à cause de Plumette explique la momie.

Zordar lança un regard noir à la fillette qui ouvrit des yeux ébahis.

-Mais je n’ai rien fait cette fois, je vous le jure !

-Qui est dans le conduit de cheminée ? Et qu’est ce que Plumette a à voir la-dedans ? Demanda Zordar qui, à défaut d’être dans le conduit, était dans le potage complet.

La momie géante fit un geste d’apaisement.

-Du calme les nistons, coupa Drabza, je vais vous explicationner.

-On t’écoute, dit Mikhalar mais fait vite parce même si j’ai éteint le feu, ceux qui sont coincés la bas vont finir en saucisses fumées !

-Tout a commencé quand le capitaine Trois Chicots a fait son rêve.

-Tiens donc !

-Il a rêvé qu’il était habillé en rouge et blanc et qu’il distribuait des cadeaux à tous les pitchounes de Bélianthe. Alors il a décidé d’offrir quelque chose à Plumette et de lui faire la surprise de passer par la cheminée.

Zordar tentait d’essuyer avec un mouchoir douteux la suie qui le couvrait le visage.

-Il est vraiment ramollo du bulbe par moment le pauvre vieux, commenta-t-il. Et après ?

Le capitaine est resté coincé, peuchère ! Il gueulait comme un troll qu’on égorge alors Ambrosius s’est dévoué pour le tirer de là. Mais vous savez, avec sa carrure en tonneau, il s’est coincé à son tour.

Le guerrier leva les yeux au ciel.

-Quel gros plein de soupe, je vous jure ! Arrête de rire Plumette, ce n’est pas drôle. Donc il faut tirer ces deux abrutis de là.

-Non les trois, souffle Drabza.

-Quoi ? s’écrièrent Mikhalar et Zordar en chœur.

-Yakavolé qui est assez costaud s’est proposé pour les dégager et…il a glissé peuchère ! Quelle cagade !

-Hé ben c’est la fiesta dans cette cheminée ! s’exclama Zordar. Comment on va les sortir de là ? T’as pas un sort de tire-bouchon Mikhalar ?

Le magicien réfléchit un instant puis répondit :

-Je crois que je vais plutôt faire un Portioncongru.

-C’est quoi ?

-Tu verras.

Quelques minutes plus tard, trois homoncules noirâtres tombèrent dans le foyer éteint. L’un avait une jambe de bois et un collier de barbe couleur charbon, le second était plus massif et le troisième était mi-homme, mi-yack, mi-tas de fourrure dégoûtant. Ils semblaient rouspéter mais avec leurs voix suraiguës personne ne comprenait absolument rien à ce qu’ils disaient. Plumette voulait jouer avec, Drabza lui déconseilla.

— Trois Chicots serait capable de te mordre.

Le soir, tout le monde avait repris ses esprits devant une bonne choppe de bière. Lipposuccia, qui avait tout loupé, se faisait raconter l’histoire pour la troisième fois.

-Et ce fameux cadeau, c’était quoi finalement ?

Zordar lui montra une poupée de chiffon couverte de suie qui traînait dans un coin de la pièce.

-Oh, ma petite Plumette, tu n’a rien eu finalement, soupira l’amazone.

La fillette arborait son air le plus triste. Elle le jouait si bien que le plus affreux bandit de grand chemin aurait donné tout son butin et sa mère avec pour la consoler. Lippo se pencha vers le vieux pirate et lui chuchota quelque chose a l’oreille.

-Quoi ? Sculpter du bois ? Par le grand cacatois, je suis le meilleur à ce p’tit jeu là !

Une petite main aux ongles rongés s’empara d’un pirate borgne miniature qui se tenait le sabre levé, une sculpture en bois d’une précision étonnante ou chaque détail semblait réel. Elle le posa aux coté d’un soldat keshien aux couleurs éclatantes, aussi vrai que nature.

Devant Plumette, deux reproductions de vaisseaux avec leur équipage : une galère keshiane toutes voiles dehors et un galion pirate, dont le célèbre drapeau noir ricanait férocement. Et c’est les yeux brillants d’excitation et un grand sourire accroché sur son minois si fin qu’elle rejoua pour la trentième fois un assaut sanglant à grands coups de :

— Pas de quartiers, étripez-moi ces fils de chiens, à l’abordaaage !

Les envies de Lipposuccia

fraise

Comme au ralenti, le gros demi-orque s’écroula dans la poussière en battant des bras. A sa grande surprise, il venait de gagner le tournoi. Pourtant la joute était loin d’être sa spécialité. Pourtant, il avait brillamment fait mordre la poussière à tous ses adversaires et c’était à lui que revenait le trophée ! Il s’avança vers la tribune d’honneur. Fricadelle, le roi elfe prononça quelques mots puis lui tendit son prix (un bibelot elfique assez moche) sous les yeux admiratifs d’un tas de splendides princesses . Et alors qu’il levait son trophée sous les acclamations de la foule, Zordar sentit qu’on le secouait.

– Zouzou, réveille-toi, il y a urgence !

C’était Lipposuccia qui l’arrachait à ce rêve épatant.

– Que…quoi…fut tout ce que le guerrier réussit à prononcer du fond de sa frustration.

Son amazone était bien réveillée et son visage reflétait une grande inquiétude.

– J’ai besoin que tu ailles me chercher quelque chose tout de suite !

– Mais…euh…ça ne peux pas attendre demain matin ? J’ai un rêve à finir et je…

– Non, c’est tout de suite ! Tu sais qu’il ne fait pas contrarier les femmes enceintes !

– Ah, c’est donc ça, les fameuses envies ! Pfff !

Zordar s’assit au bord du lit et se gratta la tête.

– Alors tu as envie de quoi ? De fraises ou un truc dans le genre ?

Lipposuccia s’éclaircit la gorge.

– Pas du tout. J’ai une envie irrépressible de…hum….une cervelle givrée d’un vieux chaman orque unijambiste, tuberculeux et borgne de l’œil gauche… et servie dans son crâne, s’il te plaît. Ça m’est venu comme ça et j’en ai une envie terrible ! trépigna l’amazone.

Zordar regarda sa compagne d’un air de commisération en se disant que : Ça y est , elle à une mouche dans le casque !

C’est une blague, c’est ça ? Encore un truc que tu as magouillé avec Mikhalar pour vous foutre de ma gueule ?

En fait, Lippo avait l’air tout à fait sérieuse et elle se tenait debout, les mains sur les hanches, les dents serrées, tout un tas d’indice qui voulaient dire qu’il ne fallait surtout pas discuter.

– Mais ? c’est dégueulasse ton truc, repris le guerrier en faisant une moue dégoûtée.

– C’est peu être dégueulasse mais c’est comme ça, j’en ai envie, j’en ai envie, j’en ai envie ! s’écria Lippo qui montait en pression.

– Holà, du calme ! Je vais aller te le chercher ton …machin répugnant ! grogna Zordar en s’habillant. Mais ne compte tout de même pas que je te le ramène dans les cinq minutes.

Tout en maugréant, il rassembla quelques provisions pour la route, enfila son manteau et sortit en se retenant de claquer la porte à toute volée. Il n’en revenait pas d’être ainsi à marcher dans Bélianthe alors que l’aube pointait à peine. Aujourd’hui, il devait consacrer son précieux temps a une partie de tarot elfique avec quelques amis et…patatras ! Il décida, avant toute chose, d’aller demander conseil à Tyrion qui saurait peut être où trouver un putain de chaman orque unijambiste, tuberculeux et borgne…de quel œil déjà ? Merde !

Il avait fini par le dénicher grâce à Tyrion. Heureusement que son ami avait des relations dans la guilde des voleurs (section Est), l’Association des Rôdeurs qui Rôdent et la guilde des Fouille-merdes aux Pieds Poilus (qui est un groupe de ptigahs fouineurs). Il avait ainsi pu avoir des indications assez précises. Il se tenait maintenant devant le fameux shaman. En fait ce dernier n’était pas tuberculeux mais il avait une grosse bronchite. Ça fera la rue Merlin s’était dit Zordar.

Le vieux shaman était assis devant lui et il faisait plutôt pitié. Car non content d’être borgne, il était aussi sourd comme un pot et édenté.

– C’est toi Grogniassh ? Demanda l’orque, en croyant apercevoir sa femme.

Il ne risquait plus de la revoir de sitôt puisque Zordar avait exterminé l’avant garde, l’arrière garde, les retardataires et tout le reste du village. Il vrai que, quand on ne parle pas la langue, il faut se contenter de parler avec ses mains…

– Non, m’sieur le shaman, Grogniassh ne va pas revenir avant, euh, disons la prochaine création d’Aquilonia. Je suis venu pour vous emprunter votre tête. Hum, vous savez c’est ma femme, elle est enceinte et euh… Oh et puis après tout, je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça, vous entravez que dalle !

L’orque n’avait effectivement rien compris. Croyant toujours que c’était sa femme qui se tenait devant lui, il avait commencé à baisser son pantalon crasseux et Zordar vit avec horreur qu’il y avait au moins une partie de son anatomie qui fonctionnait à plein régime.

– Nom d’un morbac ! C’est monstrueux ! Dit le guerrier dégoûté…Bon, finissons en !

Il leva Sadantagueul et …il vit quelqu’un arriver en courant.

– Tiens ? C’est toi, Junir ? Qu’est ce que tu fais là ?

L’autre, un guerrier Béliantais lui aussi, répondit :

– Ben c’est ma femme, Perora, elle m’a demandé de la…

– …cervelle givrée d’un vieux chaman orque unijambiste, tuberculeux et borgne de l’œil gauche…et servie dans son crâne ? C’est ça ? Continua Zordar. C’est vrai que ta femme est aussi une amazone…Qu’est ce qu’on fait alors ?

Junir n’eut pas le loisir de répondre car un troisième puis un quatrième guerrier, mariés eux aussi à des amazones, déboulèrent prés de l’orque qui demandait à chaque fois :

– C’est toi Grogniassh ?

Au bout d’un quart d’heure, ils étaient bien une vingtaine autour du shaman qui avait toujours son pantalon sur les chevilles. Vu la vigueur de son excitation, il devait croire qu’une orgie se préparait.

Il y eut un grand silence, les guerriers se regardèrent, ils regardèrent l’orque et… Ce fut un carnage… car après tout, il ne faut pas contrarier une amazone enceinte et en colère !

Il faisait nuit quand Zordar (un peu défraîchi) entra à l’Esquif.

– Ça y est ma poupoune, je…

Il s’arrêta net. Il n’y avait plus personne à l’Esquif, sauf Trois-Chicots.

– Ben alors qu’est ce qu’il se passe ?

Le vieux pirate faisait une moue contrite. Il répondit.

– Juste après ton départ, moussaillon, Lipposuccia a eu envie d’autre chose. Un poil pubien de centaure épileptique je crois. Alors elle a envoyé Drabza le chercher. Ensuite vers midi, elle a eu une fringale terrible de rotule de goule farcie à l’estragon. C’est Ambrosius qui s’y est collé. Ensuite Mikhalar est parti chercher je ne sais plus quoi et, en fin de compte, tout le monde à part moi est parti en mission pour Madame. Pff…si j’avais été plus jeune je..

– Tu serais parti toi aussi ?

– Ah, non, pas du tout je l’aurais engueulé ton amazone ! Non mais ! Nom d’une pieuvre à hélice ! Elle se fout du monde !

Tout le monde était enfin rentré, certains très tard dans la nuit et chacun avec son trophée. L’ambiance était lourde parce qu’en fin de compte, Lipposuccia n’avait mangé aucun des mets étranges qu’elle avait réclamé.Elle avait des nausées. Et, alors que l’amazone avait la tête dans sa bassine, elle sentait des regards noirs lui vriller la nuque.

Zordar la laissa finir ce qu’elle avait à faire et il s’approcha de sa compagne. Pour une fois, elle était dans ses petits souliers.

Le guerrier s’accroupit et se plaça face au petit ventre rond de sa compagne.

– Hum, mon cher enfant, garçon ou fille, peu importe. Ça ne fait pas deux mois que tu es parmi nous que tu commences à foutre le bordel ! Donc, je te préviens, tu vas arrêter d’emmerder ta pauvre mère et tu vas nous lâcher les sandales ! Tu vas grandir peinard dans ton petit placenta et puis voilà ! Sinon…sinon…euh…ça va barder pour ton matricule !

Zordar se releva et regarda ses compagnons qui le regardaient complètement ahuris.

– C’est vrai quoi, l’éducation ça commence jeune et puis c’est tout !

Kondéland

moustache

Par une belle journée printanière, Zordar et Mikhalar se rendaient à Beauveau chercher une antique carte au trésor. En fin de matinée, ils avaient parcouru les deux tiers du chemin. Pressés d’arriver car tenaillés par une faim de loup, ils décidèrent de finir le trajet au galop.

Ils n’avaient pas parcouru plus de deux kilomètres que deux cavaliers les rattrapèrent, les doublèrent et leur intimèrent de s’arrêter sur le bord du chemin. Ils portaient des uniformes et des couvre-chefs ridicules. Le plus moustachu des deux, s’approcha de Zordar.

– Capitaine Bouffezigue, du troisième peloton de Gens d’Armes du comté de Beauveau. Vous venez de faire un excès de vitesse et nous allons vous verbaliser.

– Un excès de quoi ? s’écria Zordar en ouvrant de grands yeux.

– Vous n’avez pas vu les panneaux ?

– Quels panneaux ?

– Très bien, repris Bouffezigue en sortant un calepin de sa poche, alors sachez, que sur les chemins du comté, la vitesse est limitée à trente kilomètres par heure.

– Première nouvelle !…Mais qu’est ce qu’il fait votre collègue ?

Le second pandore faisait le tour des montures de Zordar et Mikhalar en les examinant sous toutes les coutures. Une fois son inspection terminée, il parla quelques secondes à l’oreille du capitaine et ce dernier déclara :

– Bien, nous allons donc vous verbaliser pour excès de vitesse mais aussi pour usure conséquente des fers de vos chevaux, usage de selles non réglementaires, défaut d’éperons et absence de vignette.

Zordar était tellement abasourdi qu’il en bafouillait, il tentait de prendre Mikhalar à témoin mais celui-ci restait de marbre.

– Mais, mais…

– Vos papiers, je vous prie, demanda le fonctionnaire.

– Nous n’avons pas de papiers !

– Tiens donc ? Voilà qui va aggraver votre cas…des sans-papiers…hé, hé ! D’où venez-vous ?

– De Bélianthe , capitale du royaume Solidain.

– On vérifiera…

Bouffezigue griffonnait sur son calepin et comptait sur ses doigts. Au bout de quelques minutes, satisfait, il annonça :

– L’amende, s’élève donc à quarante pièces d’or !

– Quoi, mais c’est du racket organisé ! Je vais vous…

Il était à deux doigts d’en appeler a sa fameuse épée Sadantagueul. Mikhalar agrippa son ami par le col et lui dit entre ses dents :

– Ici à Kondéland, les Gens d’Armes sont rois, laisse tomber ou non iront au devant de sérieux ennuis.

– D’accord, répondit le guerrier qui se maîtrisa grâce à un effort surhumain.

Il s’acquittèrent de leur dû et s’en allèrent la tête basse.

Quelques semaines plus tard, les pandores, cachés au même endroit, eurent la surprise de voir passer, au pas, Zordar et Mikhalar, montés sur des ânes à huit pattes chaussés de rutilants fers en or massif. Ils affichaient un petit sourire assez agaçant.

Croque Monsieur

Crocodile

Pour une belle fête, c’était une belle fête ! Le roi Madidem, qui avait fait fortune dans le commerce des métaux, mariait sa seconde fille Alzire en grande pompe. Les plus célèbres musiciens d’Aquilonia succédaient aux  meilleures troupes de théâtre (Dont celle du fameux Belcanto). Le buffet aurait pu nourrir deux armées affamées et les joutes de l’après midi avaient vue s’affronter les meilleurs guerriers d’Aquilonia. Une véritable réussite !

  Le clou de la soirée se déroula autour du grand bassin que le roi avait fait aménager dans la cour du château de Crémadoch. Faisant taire la foule des invités le roi Madidem s’éclaircit la gorge :

— Chers amis je vous remercie de vous être déplacés nombreux pour faire honneur à ma fille Alzire et à son mari Fungul. Voici maintenant le grand moment que vous attendez tous, le moment de gagner une petite fortune puisque je propose d’offrir deux mille pièces d’or au courageux ou à la courageuse qui aura le courage d’affronter Lakhost,  mon crocodile affamé qui baigne dans ce bassin. Alors…des amateurs ?

Il y eut un grand silence pendant lequel on entendit plus que le sinistre claquement des mâchoires du monstre. Une belle bête qui devait mesurer cinq bons mètres et peser quelques centaines de kilos.

  Tout à coup, dans un grand « plouf », un homme se jeta dans le bassin. Il s’agissait de Zordar qui n’eut pas le temps de se rendre compte si l’eau était bonne puisque le crocodile lui sauta dessus en une fraction de seconde. La bataille fut terrible, de grandes gerbes d’eau et de sang jaillirent du bassin et trempèrent les invités. L’empoignade, très confuse, dura dix longues minutes durant lesquelles on vit les deux adversaires tournoyer furieusement et où l’on put entrevoir les terribles crocs de la bête et la dague de Zordar. Et puis…les combattants se figèrent. Les invités retinrent leur souffle. Lentement, un membre après l’autre, Zordar bougea et réussit à se relever au prix d’un énorme effort. Groggy, trempé , dans un état épouvantable, il se hissa à grand peine sur le bord du bassin, tandis que le monstre flottait le ventre en l’air. Le roi se précipita pour aider le guerrier. A ce moment,  les invités applaudirent à tout rompre le héros du jour qui de son coté n’avait pas l’air d’être particulièrement content..

Bravo, bravo, c’est extraordinaire ! s’exclama Madidem. Donnez-lui de quoi se changer. C’est un exploit digne des plus grands ! Vous avez bien mérité vos deux mille pièces d’or !

– J’en veux pas de vos pièces d’or ! grogna Zordar.

  Le guerrier était étonnamment en rogne. Les sourcils froncés et les dents serrées, il lançait des regards noirs à tous ceux qui l’entouraient. Le roi était décontenancé.

– Comment ? Mais vous les méritez !

– J’en veux pas je vous dis !

– Acceptez au moins, un diamant ! Tenta Madidem

– Je ne veux pas de diamant non plus.

– Hé bien alors une arme magique si vous préférez !

 Le roi était complètement désappointé.

– Je n’en ai rien à faire de vos armes magiques, de vos diamants et de votre quincaillerie ! s’écria Zordar en jetant des regards furibards sur la foule des invités.

– Mais qu’est ce que vous voulez à la fin ? dit le roi à bout d’arguments.

– Le nom du salopard qui m’a poussé !

Les plumes d’Olympia 17

valknut viking - Copie

Une fête fut bien sur organisée au cours de laquelle les nains démontrèrent aux dépend des autres races ce que c’était que tenir l’alcool . La plupart des fêtards étaient directement passés d’esclaves maltraités à lamentables loques imbibées. La boisson locale, un vin abominable appelé le Pictrate des Karaïbes avait des effets dévastateurs sur la santé tant physique que mentale. Même les ex-esclaves elfes, qui avaient d’habitude un peu de retenue, se mirent dans des états de destruction alcooliques terrifiants. Zordar, quant à lui, but une chopine pour la forme mais il ne participa pas aux libations, il avait des tas de questions à poser à son ami magicien. La première d’entre elles surpris beaucoup Mikhalar.

– Dis donc je voudrais savoir pourquoi les nains n’ont pas été malades quand tu les as téléportés ?

– Hé, hé, finement observé ! Hé bien à Olympia , j’ai fait la rencontre d’un cousin d’Honorius qui avait passé la moitié de sa vie à mettre au point une potion pour contrer les effets secondaires désastreux de la téléportation. Et cette potion la voici !

Le magicien sortit une fiole de son sac.

– On l’appelle à juste raison, Antigerbh. Et c’est très efficace.

Zordar déboucha la fiole, huma le liquide et fit la grimace..

– Je ne sais pas si je ne préférerais pas être malade finalement. Et au fait, pour tes pouvoirs ?

Lipposuccia s’était approchée, la question l’intéressait visiblement.

– Oui…donc pour mes pouvoirs Tout a commencé le jour ou…

Mikhalar s’arrêta net. Une ombre cornue et immense se tenait derrière Zordar. Celui-ci bondit sur ses pieds et cria :

– A moi Sadant… Ah ? C’est toi Yakavolé ? Heu, désolé, j’ai cru un moment qu’un de tes copains revenait pour la deuxième couche !

Le pauvre éleveur était tout tremblant, il avait pensé voir sa dernière heure arriver. A vrai dire il n’avait fait que ça toute la journée.

– Tu sais Zordar, yack, ce n’étaient pas vraiment mes copains. Je préfère nettement la compagnie des humains, des nains et aussi des elfes qui sont vraiment des êtres fondamentalement plus civilisés. Et d’ailleurs je me demande s’il existe quelque part sur Aquilonia des hommes-yacks plus sociables que ceux des Monts Poisseux.

– Il en existe surement, répondit le guerrier. Tu verras, tu trouveras un jour. Et peut être que tu trouveras aussi une jolie femme-yack pour fonder une famille, hein ? Pourquoi pas ? Elle

pourrait s’appeler Yakasbécoté ou un truc comme ça.

– Très drôle, intervint Lipposuccia. Tu voulais ajouter quelque chose Yakavolé ?

– Euh, hum, en effet, bafouilla celui-ci. En attendant ces jours bénis j’espère que mon arrivée à Bélianthe va me permettre de développer mon élevage d’hippogriffes.

Zordar jeta un regard en coin à son amazone

– Tu as raison avant de parler de femme, il vaut mieux avoir une bonne situation !

– Et ne pas avoir l’air d’une pauvre caraque poilue, intervint Drabza.

– C’est ça ! Gloussa Zordar. Et au fait, Mikhalar, ton histoire de pouvoirs ?

– Ah oui ! Tout ça est, très simple…

Le magicien s’interrompit à nouveau alors qu’un elfe s’avançait vers eux d’un pas oscillant. Il avait les cheveux en bataille, des gestes désordonnés et les yeux injectés de sang. Il se planta devant Zordar et lui hurla :

– Grâce à toi et tes amis, burp, moi Ellendel comte des Abrozzes de Mercurie, burp, je suis à nouveau un elfe libre…libre…libre, vous m’entendez ? Libre !

Sa voix, déjà forte, était montée dans un crescendo étonnant pour terminer dans une sorte de cri de bête.

– Oui ben ça va, lui répondit Zordar, on ne va pas en faire un fromage !

L’elfe, le regard fou, tituba encore un instant puis il s’effondra d’un bloc et se mit à ronfler très fort.

– Qu’est ce que tu disais Yakavolé à propos des êtres civilisés ?

L’homme–yack était un peu confus et il préféra ne pas répondre. Lipposuccia, que l’incident avait déridée, se tourna vers Mikhalar dit :

– Avec tout ça tu ne nous à toujours pas dit comment tu avais retrouvé tes pouvoirs !

Les autres se demandèrent longtemps comment il avait pu faire car Mikhalar s’était endormi .

À Bélianthe, on assistait à une bataille sans pitié.

– Hé, hé, j’ai pioché une carte de réparation de charrette, s’exclama Ambrosius. Au prochain tour, les gars, je vais vous rétamer, c’est sûr !

– Hé, non, matelot, gloussa Trois-Chicots , voilà cent qui font mille et à moi la première manche ! C’est génial comme jeu le mille bornes.On n’avait pas ça sur nos bateaux pirates !

– N’empêche, toi avoir de la chance, dit Bork. Si toi pas avoir pioché Véhicule Royal Prioritaire, toi avoir perdu !

– Hé, hé, c’est ça la chan…

La porte s’ouvrit brusquement et une momie, un homme-yack, trois humains et une fillette firent une entrée tonitruante à l’Esquif.

– Ouais ! S’écria Bork en levant les bras au ciel. Eux pas tous morts !

– Ben il manquerait plus que ça ! dit Zordar. A part Drabza qui est tout le temps un petit peu morte, on est tous en forme !

– Pôvre ami, tu me fends le cœur ! commenta Drabza

Les effusions durèrent un moment, on fit la présentation de Yakavolé, puis il fallut raconter à un Trois-Chicot attentif toute l’histoire par le menu. Enfin, pas toute, car il en manquait un bout. Depuis qu’il était entré Mikhalar ricanait dans un coin avec Grolobb. Soudain, Zordar frappa du poing sur la table.

– Ça suffit, tes cachoteries pénibles! Alors tu nous raconte tout ou bien je…

– Je vais faire du rangement dans tes parchemins ! s’écria Plumette qui se dirigea derechef vers la chambre du magicien

Ce devait être un argument choc car Mikhalar couru l’en dissuader et s’installa confortablement pour raconter son exploit.

– Bien, en fait, tout a commencé au moment où, lors de je ne sais à quelle occasion, Zordar a parlé de canard. Ça à fait « coin » dans ma tête.Le seul moyen de récupérer mes pouvoirs c’était d’aller lire le fameux « Grimoire d’Al Thoreb »¹. Le hic, c’était que sans mes pouvoirs justement, je ne pouvais aller dans la dimension ou j’ai planqué le grimoire. Ensuite je ne pouvais pas non plus affronter les terribles démons que j’ai placés là bas pour le garder. Alors, il restait Grolobb. J’ai donc envoyé une bafouille à Ambrosius par l’intermédiaire du « Pouf-Pouf » et Grolobb est arrivé à Olympia le lendemain. Il m’a emmené auprès du livre et il a discuté avec ses copains démons.

– Ça discute de quoi des démons ? Demanda Plumette.

– Coin, dit Grolobb.

– Ah, oui ! D’histoires de démons ! Dit la fillette.

– C’est ça , repris Mikhalar. Ensuite notre démon-canard , qui avait repris sa forme originelle terrifiante, à emmené ses amis détruire quelques mondes pour rigoler. Pendant ce temps là, j’ai consulté le grimoire à la page : « Comment faire quand on a perdu ses pouvoirs à cause d’un bâton d’anti-magie ? ». C’était juste après la page : « Comment réussir un bon court bouillon », une page qui vous en conviendrez, ne m’aurait pas beaucoup aidé !

– Oui mais tu te serais amélioré en cuisine ça aurait été déjà ça ! Commenta Lipposuccia.

– Bref, grâce à une formule assez compliquée pleine de « w » et de « x », un truc terrible, j ‘ai récupéré mes pouvoirs. Grolobb est revenu. J’ai payé l’apéro aux démons, j’ai visité deux ou trois mondes en passant et je suis reparti à Olympia dans la foulée en me téléportant !

– Il y a quoi dans les autres mondes ? Demanda Zordar

– Dans un des mondes il y avait une terrible guerre entre des dindons géants et des tartes aux fraises. Ça fichait la trouille, croyez-moi !

– Je veux bien te croire, avoua le guerrier pensif.

Au moment ou ils passaient à table Tyrion débarqua avec Olivia, l’air radieux :

– J’ai une grande nouvelle !

A suivre…

Si vous avez manqué le début

Les plumes d’Olympia 16

Bull head icon isolated on white background.

On entendait le tic-tac saccadé de l’horloge en forme d’étoile de mer qui ornait le mur de la Cale et à par ça… le silence, un silence pesant comme un cheval mort tombé sur le genou de son cavalier. Soudain une voix s’exclama :

– Dans famille barbare, moi voudrais la mère !

– Hé non, mon petit Bork, pioche !

Le gobelin s’exécuta et s’écria tout joyeux :

– Ouais ! Moi avoir le grand-père dans la famille mort-vivant !

– Nom d’une écoute de tribord, espèce d’abruti ! Il ne fallait pas me le dire ! gronda Trois-Chicots. Tu as vraiment le QI d’un bigorneau mon pauvre vieux. Quand je pense que, moi, ancien grand capitaine pirate, ancienne terreur des océans d’Aquilonia, je me retrouve seul en compagnie d’un jeune gobelin écervelé à jouer au jeu des sept familles ! Ça me déprime ! Vivement que ce moussaillon de Zordar revienne.

– Eux pas tous morts ?

– Mais non, triple buse ! Zordar doit me rapporter du rhum, alors il a intérêt à ne pas être mort, nom d’une drisse mal bordée !

Il faut dire que l’Esquif, vidé de ses occupants, suait l’ennui. Ambrosius passait rarement, occupé qu’il était à écumer les tavernes de la ville sois disant en vue d’écrire un « Guide du Soulard » de Bélianthe. Tyrion roucoulait avec son épouse. Grolobb avait disparu quelques jours puis il était revenu. C’était difficile à observer chez un démon-canard mais il semblait se marrer en douce Les deux orphelins mal assortis avaient essayé pas mal de jeux pour s’occuper mais les pitoyables capacités du gobelin lui permettaient seulement de gagner au mikado. (Le capitaine avait des problèmes d’alcool avec les conséquences que l’on imagine) Sans Plumette à épater avec ses histoires, le vieux pirate était ronchon et , heureusement pour lui, Bork était débonnaire.

– A moi ! Dans la famille Lycanthrope je voudrais la fille ! Dit Trois-Chicots.

– Toi piocher !

– Et merde !

– Coin !

– La ferme Grolobb !

Le village et pratiquement toute la petite vallée ressemblait à un champ de bataille. Sur la place au bûcher, les nains faisaient de jolis tas bien propres avec les cadavres des homme-yacks. Zordar, qui s’était bien défoulé après la frustration d’être resté désarmé de longues journées, retrouva enfin sa Plumette.

Elle était occupée à donner des coups de dague dans le cadavre ou plutôt les morceaux de cadavre de Yakapamoufté en disant :

– Tiens, prend ça et encore ça…

– Hum, intervint le guerrier, tu sais, il est suffisamment mort maintenant.

– Tu es sûr ?

– Sûr !….hum, alors qu’est ce qu’on dit à son tonton Zordar ?

– Tu sens la transpiration !

Zordar se gratta la tête.

– Euh, je ne pensais pas à ça. Je peux te faire un bisou ?

– Oui mais après que tu te soit nettoyé le visage dans la grosse barrique d’eau qui est là bas.

On avait déjà vu le guerrier plus ravi.

– D ‘accord, répondit Zordar en râlant. Puis, il ajouta : Décidément on ne te changera jamais.

Après avoir fait de gros poutous à la fillette récalcitrante, il alla retrouver Drabza qui, assise sur le bûcher, changeait ses bandelettes crasseuses contre des propres.

– On dirait une caraque peuchère ! Té, cette fois, j’ai bien cru que j’allais finir en estouffade !

– Moi aussi, j’ai cru que tout était fichu parce qu’avec sa manie des secrets, Mikhalar ne m’avait encore une fois rien dit. Et au fait, où est passé Yakavolé ?

– Il est s’est caché dans sa hutte, comme un Bernard l’Hermite, le pôvre ! Il ne veut plus rester ici tout seul. Il a trop peur que les anciens esclaves ne l’escagassent. Il veut venir à Belianthe avec nous.

– Encore un réfugié de plus à l’Esquif on dirait, soupira Zordar. Du moment qu’il balaye ses poils, je ne vois pas de problème.

Les esclaves libérés convergeaient tous sur la place. Il s’attroupèrent autour du guerrier et le regardaient, tous sourires, en silence. Ils attendaient quelque chose de sa part.

Oh, merde, pensa Zordar, ils veulent un discours ! 

– Heu…camarades…euh…non,chers concitoy… non plus, euh…chers compagnons, avec l’aide de mes amis nains nous vous avons libéré de cette saleté d’esclavage qui…

Il se tourna vers Drabza.

– Qu’est ce que je dis maintenant ?

– Té, décarcasse-toi tout seul, je suis une brave brèle en discours !

Heureusement pour le guerrier, Mikhalar arriva, se percha sur le bûcher et pris les choses en mains :

– C’est avec fierté et honneur que nous vous avons débarrassé des ces ignobles monstres qui vous asservissaient sans vergogne. La route de la liberté s’ouvre devant vous et avec elle des jours meilleurs dans une fraternité retrouvée et de l’espoir plein vos poches. A vous de prendre en main votre destin et de relever les défis du futur. Nous allons organiser des élections et, un chef, démocratiquement élu, pourra ainsi organiser la vie dans la vallée pour ceux qui veulent y rester. Les mines et les champs alentour recèlent de considérables richesses et elles peuvent assurer un avenir durable à de nombreuses familles. Je vous laisse entre de bonnes mains avec nos amis nains qui vont s’occuper mettre le processus en place. Vive Aquilonia et vive la liberté !

Mikhalar descendit de son perchoir improvisé et salua la foule des esclaves qui l’acclamaient avec ferveur. Dire que Zordar et Drabza étaient comme deux ronds de flan est un doux euphémisme.

– Je crois qu’il le tiens bien son futur boulot de roi de dans sept ans, commenta le guerrier.

La suite

Si vous avez manqué le début

Les plumes d’Olympia 15

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Ils étaient partis plus tôt que prévu en plein milieu de la nuit. Zordar qui s’était couché de bonne heure avait fait rêve loufoque ou Plumette se trouvait dans une barque lancée sur un large fleuve, alors, un nain ailé vêtu d’un seyant tutu rose lui avait crié : « La chute, la chute ! » pendant que Plumette sombrait dans le vide avec sa barque. Le guerrier avait alors bondit de son lit, rangé son tonnelet dans son sac, réveillé les autres et ils étaient ainsi tous partis à dos d’hippogriffes, l’angoisse au fond des tripes. L’aube pointait son museau quand ils atterrirent tout prés de la hutte de Yakavolé.

Elles n’avaient pas dormi de la nuit. Drabza avait bien tenté de distraire Plumette avec des histoires délirantes d’attaques de spaghettis volants mais sans succès. Toute les cinq minutes, la fillette demandait :

– Il va venir Zordar, hein ? Il va venir ?

– Mais oui, il va venir, répondait invariablement la momie qui n’y croyait guère. Elle pensait plutôt que son ami guerrier avait eu de « Braves cagades à régler » et qu’il ne serait pas là à temps.

Alors que la nuit finissait déjà, la garde fut relevée. Le nouveau garde leur jeta un un regard impassible et leur dit :

– Par le Saint Panty de la Bonne Mère ! s’écria la momie.

Elle était en train de s’arracher les bandelettes de désespoir tandis que Plumette pleurait en silence, quand elle sentit une vibration tout prés d’elle.

Signalons au passage à nos chers lecteurs que la Bonne Mère évoquée par notre amie Drabza, n’avait rien à voir avec celle que l’on connaît sous nos contrées. Selon les légendes Aquiloniennes , il s’agissait d’une très ancienne divinité connue sous l’apparence d’une femme disons pour le moins assez bien portante, une grosse mémère quoi ! C’était la déesse des desserts et des confitures. Certains peuples l’appelaient aussi Bonne Maman ou encore Mahité. Certains historiens peu consciencieux ou alcooliques la confondaient parfois avec une autre divinité féminine, la célèbre Grand Mehr qui était spécialisée dans le café.

Le roi Yakapamoufté avait dessaoulé mais il avait une gueule de bois carabinée les yeux injectés de sang et la couronne de travers.. Il avait toujours la rage de ne plus jamais voir son bel argent. La seule chose qu’il espérait c’est que l’exécution des deux otages allait lui redonner un peu de baume au cœur. C’est donc d’un pas décidé et armé d’une grosse hache qu’il s’approchait de la hutte des prisonnières avec son escorte.

Zordar et Lipposuccia sortirent de la hutte de Yakavolé qu’ils venaient de saluer. Lipposuccia inspecta les environs, fronça les sourcils et demanda au guerrier :

– Mais ou est passé Mikhalar ?

– J’en sais rien, répondit Zordar pensif. Avant d’entrer dans la hutte il était pourtant avec nous ! Pourtant c’est pas le genre a se planquer d’habitude. Ceci dit, sans magie et sans arme, il est pratiquement à poil le pauvre petit chou ! Bon, tant pis pour lui, on y va ! A propos, Yakavolé, tu n’aurais pas une arme ?

L’homme-yack alla farfouiller dans sa hutte et revint avec ce qu’il avait trouvé de mieux.

– Une louche à cocktail ? Ben, c’est pas avec ça que je vais lui régler son compte à l’autre enfoiré !

Le roi yack ouvrit la porte de la hutte et s’arrêta net sur le seuil, muet d’étonnement.

Zordar, sa louche à la main et Lippo sur ses talons, marchait à grand pas vers le centre de Yakinchfeu, le village des hommes-yack Il était tendu comme le string d’une danseuse de gigue keltoï .

La hutte était vide. A ses pieds, Yakapamoufté vit un joli petit tas de cendres ou était délicatement posé une paire de cornes.

– Merde, le garde, pensa le roi. Mais comment ont-elles fait ?

Zordar et Lipposuccia attendaient sur la grande place centrale du village. Ils observèrent d’un air étonné le grand bûcher qui s’y trouvait. Puis ils virent le roi-yack sortir furibond d’une grande hutte et se diriger vers eux.

– Alors comme ça, yack, vous avez réussi ! tonna le roi. Je ne sais pas comment mais, vous l’avez fait !

– Oui, on à réussi, répondit Zordar en sortant la rançon de son sac. On l’a votre putain de fric !

Sur la trogne de Yakapamoufté, à la place de la colère, se succédèrent à grande vitesse l’ébahissement total, le ravissement et une joie malsaine.

– Je n’y comprends rien ! Les otages ont disparus. Décidément les humains sont déroutants et particulièrement stupides !

Il s’approcha encore du guerrier et fit un signe à son escorte qui serra de prés les deux humains. Zordar sentit une pression sur son épaule comme si quelqu’un y avait posé sa main.. Il se retourna mais il n’y avait personne derrière lui.. Le roi lui arracha la rançon et lui posa la main sur la tête.

– Cette fois tu vas mourir pauvre vermisseau imbécile.

Étant donné le traumatisme de la dernière expérience de possession que lui avait fait subir le roi, Zordar était mort de trouille. Il pensait qu’il y avait un truc qui avait du foirer quelque part. Il pensait aussi à lancer, un : « Je vais te transformer en salade de fruit ! » en brandissant sa louche à cocktail mais cela lui sembla inutile. C’était la fin de la sangria ou des haricots si vous préférez.

Yakapamoufté qui se demandait encore pourquoi, puisque les otages étaient libres, Zordar lui avait apporté la rançon, tenta alors d’entrer dans le corps du guerrier afin de le détruire mais… il se heurta à un mur.

– Mais que…comment…, bafouilla t il. Mais, au fait, ou est ton copain le magicien maigrichon ?

– Juste sous tes yeux mon gros, dit Mikhalar en apparaissant au coté de Zordar qui fit un bond.

Le roi Yack était comme statufié de stupeur et d’effroi.

– Ah, c’était ta main sur mon épaule ! dit le guerrier qui comprenait enfin. Mais alors, tu as retrouvé tes pouvoirs ? Comment tu as fait ?

– Je t’expliquerais plus tard. Pour le moment, sache simplement que Drabza et Plumette sont en sécurité et que je vais te laisser te farcir le cornu.

– Seul ? Avec ma louche ?

– Mais non, pas seul, avec eux.

Mikhalar fit un geste de la main et une troupe de nains, armés jusqu’aux dents apparu sur la place en une fraction de seconde. Cette fois c’était Zordar qui ne comprenait plus rien.

– Nadrak ? Père ? Mais que…

– A mon avis c’est le moment de crier quelque chose le coupa Nadrak.

Zordar interrogea Lipposuccia du regard, elle haussa les sourcils.

– Ben quoi, demanda le guerrier. Taïaut ? A l’attaque ? Les nains avec moi ? Tous ensemble, hé ?

Mikhalar lui chuchota quelque chose à l’oreille. Zordar eut un sourire carnassier.

– Mais oui, bien sûr, quel con !

Le roi abasourdi, avait complètement perdu le fil et du coup il ne pensa même pas à fuir, il se contenta de fixer les trois humains tel un bovin de base.

Zordar cria son célèbre « A moi Sadantagueul !» suivit de prés par « Tiens, prends Sadantagueul ! » puisque sa légendaire épée keltoï venait d’apparaître dans sa main.

C’est donc à cette occasion que Yakapamoufté fit connaissance intimement avec l’arme de Zordar. Cette intimité dura à peine quelques secondes au cours desquelles le roi fut découpé en morceaux bien nets puisqu’on pouvait reconnaître le plat de côte, faux filet et l’onglet.

Ensuite ce fut un carnage assez classique puisque les nains déchaînés ne firent qu’une bouchée des hommes-yacks démoralisés par la mort de leur roi. Seule une poignée d’entre eux réussi à s’enfuir en sautant sur des hippogriffes au grand désespoir de Yakavolé.

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Les plumes d’Olympia 14

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C’est d’une foulée ample et souple que Zordar rattrapa l’ogre. Et, tel un joueur de Grolle, (la veille, il avait vu la fin d’un match homérique ou les Découpeurs Nains s’étaient pris une dérouillée face aux Ratiboiseurs Chereks) Zordar effectua un magnifique placage dans les règles de l’art qui stoppa net le fuyard. Malencontreusement, la botte de Tark heurta son menton et c’est ainsi que pour le guerrier ce fut l’extinction des feux.

Il se réveilla dans une barque qui flottait dans une eau rosâtre et parfumée d’où s’échappaient des milliers de bulles de savon. Sur les berges des créatures étranges, des sortes d’automates aux gestes saccadés chantaient. Elles faisaient un mètre à peine et elles ressemblaient à des hommes-yacks en miniature. Tout en chantant les automates dansaient et frappaient dans leurs mains. La chanson était entraînante mais lancinante aussi du genre qui vous reste dans la tête pendant trois jours.. Elle disait :

C’est un monde stupide

C’est un monde sordide

C’est un monde pénible

C’est un monde terrible

Les humains vont souffrir

Les humains vont périr

S’ils nous ramènent pas le fric

Zordar vit alors passer prés de lui une autre barque à bord de laquelle il vit une énorme pièce d’or de prés de deux mètres de diamètre.

Zordar cria et se redressa d’un coup et se cogna contre…un barreau. Il ouvrit les yeux et s’aperçut qu’il était assis dans une cellule. Etait-ce la suite de son cauchemar ? La porte s’ouvrit et Mikhalar fitson entrée.

– Je vois que tu as fini de pioncer, on t’a s là le temps que tu récupères. Je te rassures,Tark va aller rejoindre Ombramer en prison. Ça va ?

– Ben à part l’impression d’avoir tout un orchestre keltoï qui fait la foire dans ma tête, ça peut aller ! J’ai fait un cauchemar concernant Plumette, j’ai un mauvais pressentiment.

– Ne t’inquiètes pas tout va être réglé vite fait et on va pouvoir rendre la rançon à Yakapamoufté.

Les deux amis retrouvèrent Lipposuccia, Nadrak et Berdh qui encadraient Tark. Il était un peu cabossé. Quelqu’un ou quelqu’une avait passé ses nerfs sur lui. Un geôlier ouvrit la cellule ou Ombramer était retenu. Tark y entra et juste au même moment le doppelganger en jailli et il se jeta sur Zordar. Ils tombèrent à terre et Mikhalar s’écria :

– Il y a deux Zordar, faites gaffe !

Les garde se jetèrent sur les deux belligérants et les empoignèrent.

– Alors, lequel est le bon ? demanda Berdh.

– C’est moi ! affirma l’un

– Mais non, c’est moi ! dit l’autre.

Tout le monde échangeait des regards perdus sauf Mikhalar.

– Je crois que ça va être facile annonça-t-il sûr de lui. Il s’avança vers les deux Zordar et il leur balança une grande baffe à chacun.

– Aïe mais tu es fou, c’est moi ton ami Zordar dit l’un.

– T’es devenu complètement con ou quoi ? Je vais te botter le cul tu va voir ! hurla le second.

– C’est lui, affirma Mikhalar en désignant le dernier qui avait parlé. Ça ne fait aucun doute.

Les gardes jetèrent l’autre en cellule et il repris son apparence habituelle.

– Et les excuses, c’est pour demain ou quoi ? s’exclama le vrai Zordar.

Le magicien se mit à rire, bientôt imité par Lipposuccia et Nadrak. Berdh ne riait pas. Il toisa Tark. Bravache, l’ogre soutint son regard.

– Je vais bientôt revenir et tu va avoir droit à un interrogatoire musclé ! Dit le nain Je veux savoir combien d’argent tu as détourné et qui a trempé dans ces magouilles.

Il se passa alors une chose étrange. Tark dans un geste désespéré se mit à tenter une incantation. Il y eu une lumière bleue puis plus rien…il avait échoué.

– Un ogre mage ? Tiens donc ! s’exclama Berdh. Il ne manquait plus que ça ! Même si ta magie ne fonctionne plus très bien, par sécurité, je vais faire placer votre cellule sous cloche d’anti-magie.

A la suite du Second Conseiller, ils quittèrent la prison. Zordar était perplexe parce qu’au moment ou Tark avait essayé de balancer son sort, il avait vu Mikhalar esquisser un mouvement du sourcil et il avait ricané.

La journée avait été longue et ennuyeuse comme un jour pain. Plumette avait été relativement sage et s’était contentée d’un coup de pied dans le genou du garde. A la belote, la fillette avait battu à plate couture Drabza et Yakavolé qui était venu leur tenir compagnie. Plumette pensait que Drabza l’avait laissé gagner mais elle n’avait pas de preuve. Elle avait donc tenté un « Je suis la meilleureuh ! » mais sans grand enthousiasme.

Le soir, alors que la momie racontait à sa protégée les guerres rocambolesques des Chichounes contre les Amers Locks « Un peuple qui ne connaissait ni le pastis ni l’huile d’olive, tu te rends compte ? ».Soudain, la porte de la hutte s’ouvrit à la volée. Le roi Yakapamoufté fit irruption. Il chancelait, probablement sous le coup de l’alcool et son air mauvais ne présageait rien de bon.

– J’en ai assez ! s’écria-t-il. C’est terminé, vos amis ne viendront plus. A l’heure qu’il est, ils se sont sans doute enfui avec mon argent. MON ARGENT ! MON BEL ARGENT !

– Oh, jeune, moins fort on est pas sourdes, peuchère ! s’agaça Drabza. Zordar ne pourrait…

– Tais –toi, espèce de répugnante créature infâme ! C’est décidé, demain à l’aube vous mourrez !

Plumette poussa un cri de poussin qu’on écrase. Drabza la protégea de ses immenses bras.

– De toute façon Zordar va arriver c’est sûr ! dit la momie plus à l’attention de Plumette qu’à celle du roi. Et puis de toute façon, moi, je suis déjà morte !

Yakapamoufté eut un rire cruel :

– Peut être mais les momies, ça brûle non ?

Mikhalar et Lipposuccia préparaient leurs bagages. Ils partaient le lendemain à l’aube. L‘amazone avait offert son meilleur hippogriffe Titine à Furgin qui accepta ce gentil cadeau avec joie. Il prévoyait développer son écurie et d’après lui on entendrait parler des  Ecuries Daugias dans tout Aquilonia.

Zordar avait enfin retrouvé son fameux tonnelet mais le cœur n’y était plus. Troublé par son cauchemar, il s’inquiétait pour Plumette. Il avait donc décidé de le garder pour plus tard. Le guerrier était également agacé par une scène a laquelle il avait assisté ou Mikhalar et Nadrak avaient eu une longue conversation ponctuée de rires sans qu’il ait pu savoir de quoi il retournait. Il avait un peu secoué son ami en l’attrapant par le paletot.

– Tu ne veux toujours rien me dire de ce que tu trames, c’est ça ? Tu sais que je ne t’ai pas encore rendu ta baffe ! Hurla-t-il.

– Allez, mon Zouzou, reste cool, comme dirait notre ami Loudéstep.

Au moment ou le magicien prononçait le mot « cool », Zordar sentit une vague de sérénité couler en lui. Il se mit à penser à des couchers de soleil, à des siestes au pied d’un arbre ou encore à de tranquille parties de pêche avec Tyrion. Il souriait béatement. Il avait oublié tout ce qui venait d’avoir lieu les minutes précédentes. Mikhalar lui donna une petite tape amicale dans le dos.

– Demain, on va bien se marrer, tu verras ! Lui dit-il en s’en allant.

L’effet dura quelques minutes puis, lorsque Zordar rangea la rançon dans son sac, sa colère ressuscita. Il ferma rageusement la sangle et frappa du poing dans sa main ouverte. Il ne savait pas encore comment mais, il espérait bien faire payer à Yakapamoufté la monnaie de sa pièce !

Cavelius en était sûr, il vivait la plus belle soirée de sa vie.. Enveloppé par les mélopées de la musique keshiane et couvé par le regard de braise de Poméra, il était proche du bonheur absolu, de la félicité ultime, du ravissement extrême, bref, il kiffait grave ! Le repas avait été d’une grande finesse, particulièrement le feuilleté aux poussins vivants et à l’estragon.

Son cerveau, enfin libéré de sa gangue lui avait permis de tenir une conversation brillante ponctuée d’anecdotes cocasses comme celle ou un jour il avait découvert les repaires secrets d’orcs en mettant le feu par hasard à toute la forêt de Chtruntz. Poméra la solitaire, la rebelle, la romantique était complètement conquise. Elle tenait son héros, il était un peu turbulent certes, mais c’était son héros quand même. Pour Cavelius, le seul bémol concernait ses articulations. Il avait l’impression qu’à chaque fois qu’il bougeait ses ailes une horde de farfadets vicieux y enfonçait des pieux chauffés au rouge. C’est lamentable, pensa-t-il. Je n’ai que 229 ans et on dirait un vioque.

Après le dîner, les tourtereaux s’envolèrent vers une grotte secrète ou un hamac géant permettait aux dragons de s’ébattre voluptueusement. Cette grotte était curieusement surnommée la grotte du Hamac Sutra.

La suite

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Les plumes d’Olympia 13

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– Rends-moi cette épée tout de suite, hurla l’homme-yack excédé !

– Viens donc l’attraper, lui rétorqua Plumette d’un air de défi.

Une course poursuite commença dans la hutte. Plumette arrivait à se faufiler partout mais le garde, avec son gros gabarit, renversait les meubles sur son passage.

– Si vous pouviez arrêter tout ce pastis, je n’arrive pas à gamberger tranquille, peuchère ! s’écria Drabza qui essayait de faire une réussite. Et Plumette ce n’est pas gentil pour ce pôvre garde qui va sûrement se faire virer et même fouetter. Té ce sera le troisième de la semaine !

La fillette, comme à son habitude, n’écoutait rien et la poursuite continuait en faisant un bruit infernal de cavalcade ponctuée de rires aigus et de jurons. Puis tout alla très vite. Alors que la momie géante posait une carte sur la table, elle tendit soudain le bras et agrippa Plumette au passage, elle la fit asseoir sur la table et dans la continuité du mouvement elle tendit à nouveau le bras. C’est sur donc sur son poing fermé que l’homme-yack vint s’écraser et qu’il s’écroula sur le sol assommé pour le compte.

– Ô fan de chichoune, enfin un peu de tranquillité !

La momie géante regarda Plumette dans les yeux.

– Ecoute ma pitchounette , un peu de patience. Zordar ne va sûrement pas tarder à revenir et…

– Je m’ennuie ici ! Je veux rentrer à Belianthe. Grogna Plumette.

– Tu as réussi à t’échapper deux fois ! Si le roi ne tenait pas tant à son argent, tu serais toute morte ma pôvre ! La dernière fois qu’il est venu j’ai cru qu’il allait nous faire un aïoli sur place ! Je ne vais pas pouvoir te sauver la caboche à chaque fois, tu comprends ?

– Euh, oui. Tu es sûre pour Zordar ?

– Té, j’en mettrais mes bandelettes à couper, peuchère ! En plus, je suis sûre qu’il va se décarcasser pour délivrer ces pauvres esclaves maigres comme des stoquefiches .

Plumette, lâcha l’épée dans un grand fracas et leva les poings en l’air.

– Youppie, il va y avoir de la bagarre ! s’écria-t-elle.

– Du calme, du calme, pas de cagade ! Yakapamoufté ne peut pas entrer dans mon teston sous peine de n’y trouver que des toiles d’araignées mais dans ta tête, si ! Alors tu promets d’être sage ?

– Oui…dit la fillette sans conviction.

– Ô bonne mère ! gémit la momie en levant les yeux au ciel. En attendant, je vais t’apprendre la belote coinchée.

– Génial ! Et pour le garde ?

La momie baissa les yeux sur l’homme-yack.

– Il est bien escagassé le pôvre. Va donc chercher un seau d’eau glacée pendant que je boulègue les cartes , zou !

Pour une grosse panique, c’était une grosse panique. L’incendie était carabiné, de hautes flammes sortaient de la tour et partout une épaisse fumée obscurcissait les rues. Zordar et ses amis se tenaient face à la tour, devant une auberge. Ils assistaient impuissants à l’affolement général. Berdh gesticulait et hurlait des ordres qui n’avaient l’air de servir à rien. Des Olympiens hagards jetaient de ridicules seaux d’eau sur les flammes, des badauds s’attroupaient et partout des gnomes couraient en criant « Pin pon ! ».

– Ça sert à quoi ? demanda Zordar en les désignant.

– A rien, répondit Mikhalar mais il faut reconnaître que ça met une sacrée ambiance !

Berdh arrêta un gnome en pleine course et lui dit :

– Il faut prévenir les Gloups de toute urgence ! C’est compris ? De toute urgence !

Zordar n’osa pas demander ce qu’étaient les Gloups car Berdh était passablement énervé. Il s’était appuyé sur le mur de l’auberge et machinalement, il leva les yeux. A travers la fumée, il vit, vissée sur le mur, une plaque de marbre qui disait :

Ici en 139 AGA Gandalf Le Blanc à passé une nuit, par erreur.

Le guerrier tira la manche de Mikhalar et lui montra la plaque.

– Dis donc, c’est qui ce Gandalf ?

– Aucune idée, répondit celui-ci en faisant la moue. « Le blanc », c’est peut être que c’est le gars qui a inventé la lessive.

Zordar haussa les épaules et tourna la tête. Il se passait quelque chose. La foule des badauds s’agitait , quelque chose ou quelqu’un venait du port et les curieux s’écartait sur son passage.

– C’est sûrement les Gloups dit Lipposuccia.

– Je me demande à quoi on va avoir droit, des débouche-éviers sur pattes ? demanda Zordar.

– Non, regardes plutôt, répondit Mikhalar.

Des créatures géantes aux formes floues et liquides avançaient majestueusement à travers la foule. Les traits de leurs visages tremblaient comme lorsqu’on jette un caillou dans l’eau. Lorsqu’on les regardait, on avait l’impression d’être myope. Bien qu’uniquement composés d’eau, la dizaine de Gloups ne laissait aucune trace derrière eux. Ils saluèrent Berdh d’un rapide signe de tête et ils s’engouffrèrent dans la tour.

– Il va falloir qu’ils fassent vite parce que si je me souviens bien de mes cours sur les élémentaires de l’eau, s’ils restent trop longtemps au contact du feu, ils fondent, expliqua Mikhalar.

Le feu ne résista qu’une dizaine de minutes. Un tourbillon de vapeur blanche sortit de la base de la tour et monta peu à peu. Les flammes s’éteignaient au fur et à mesure. Quand la vapeur eut atteint le sommet, tout s’arrêta puis on entendit les Gloups dévaler les escaliers. Ils ressortirent de la tour et … oh, surprise, ils avaient perdu la moitié de leur taille !

Ben merde alors, s’écria Zordar. Maintenant ce sont des Gloups tout rikikis !

– Maousses costauds, précisa Lipposuccia.

Berdh était soulagé. Il alla discuter avec les créatures et il les remercia dans une langue étrange, liquide et fluide. Soudain, il s’interrompit et montra, au loin, une grande silhouette qui s’enfuyait vers le port.

– Là bas, Tark ! Hurla-t-il.

– Je crois qu’on va encore devoir courir, dit Zordar en s’élançant a la poursuite de l’ogre.

Tout en courant, il pensait à son tonnelet qui l’attendait, seul, chez Berdh. Cette seule pensée le fit nettement accélérer.

La suite

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