Une fête fut bien sur organisée au cours de laquelle les nains démontrèrent aux dépend des autres races ce que c’était que tenir l’alcool . La plupart des fêtards étaient directement passés d’esclaves maltraités à lamentables loques imbibées. La boisson locale, un vin abominable appelé le Pictrate des Karaïbes avait des effets dévastateurs sur la santé tant physique que mentale. Même les ex-esclaves elfes, qui avaient d’habitude un peu de retenue, se mirent dans des états de destruction alcooliques terrifiants. Zordar, quant à lui, but une chopine pour la forme mais il ne participa pas aux libations, il avait des tas de questions à poser à son ami magicien. La première d’entre elles surpris beaucoup Mikhalar.
– Dis donc je voudrais savoir pourquoi les nains n’ont pas été malades quand tu les as téléportés ?
– Hé, hé, finement observé ! Hé bien à Olympia , j’ai fait la rencontre d’un cousin d’Honorius qui avait passé la moitié de sa vie à mettre au point une potion pour contrer les effets secondaires désastreux de la téléportation. Et cette potion la voici !
Le magicien sortit une fiole de son sac.
– On l’appelle à juste raison, Antigerbh. Et c’est très efficace.
Zordar déboucha la fiole, huma le liquide et fit la grimace..
– Je ne sais pas si je ne préférerais pas être malade finalement. Et au fait, pour tes pouvoirs ?
Lipposuccia s’était approchée, la question l’intéressait visiblement.
– Oui…donc pour mes pouvoirs Tout a commencé le jour ou…
Mikhalar s’arrêta net. Une ombre cornue et immense se tenait derrière Zordar. Celui-ci bondit sur ses pieds et cria :
– A moi Sadant… Ah ? C’est toi Yakavolé ? Heu, désolé, j’ai cru un moment qu’un de tes copains revenait pour la deuxième couche !
Le pauvre éleveur était tout tremblant, il avait pensé voir sa dernière heure arriver. A vrai dire il n’avait fait que ça toute la journée.
– Tu sais Zordar, yack, ce n’étaient pas vraiment mes copains. Je préfère nettement la compagnie des humains, des nains et aussi des elfes qui sont vraiment des êtres fondamentalement plus civilisés. Et d’ailleurs je me demande s’il existe quelque part sur Aquilonia des hommes-yacks plus sociables que ceux des Monts Poisseux.
– Il en existe surement, répondit le guerrier. Tu verras, tu trouveras un jour. Et peut être que tu trouveras aussi une jolie femme-yack pour fonder une famille, hein ? Pourquoi pas ? Elle
pourrait s’appeler Yakasbécoté ou un truc comme ça.
– Très drôle, intervint Lipposuccia. Tu voulais ajouter quelque chose Yakavolé ?
– Euh, hum, en effet, bafouilla celui-ci. En attendant ces jours bénis j’espère que mon arrivée à Bélianthe va me permettre de développer mon élevage d’hippogriffes.
Zordar jeta un regard en coin à son amazone
– Tu as raison avant de parler de femme, il vaut mieux avoir une bonne situation !
– Et ne pas avoir l’air d’une pauvre caraque poilue, intervint Drabza.
– C’est ça ! Gloussa Zordar. Et au fait, Mikhalar, ton histoire de pouvoirs ?
– Ah oui ! Tout ça est, très simple…
Le magicien s’interrompit à nouveau alors qu’un elfe s’avançait vers eux d’un pas oscillant. Il avait les cheveux en bataille, des gestes désordonnés et les yeux injectés de sang. Il se planta devant Zordar et lui hurla :
– Grâce à toi et tes amis, burp, moi Ellendel comte des Abrozzes de Mercurie, burp, je suis à nouveau un elfe libre…libre…libre, vous m’entendez ? Libre !
Sa voix, déjà forte, était montée dans un crescendo étonnant pour terminer dans une sorte de cri de bête.
– Oui ben ça va, lui répondit Zordar, on ne va pas en faire un fromage !
L’elfe, le regard fou, tituba encore un instant puis il s’effondra d’un bloc et se mit à ronfler très fort.
– Qu’est ce que tu disais Yakavolé à propos des êtres civilisés ?
L’homme–yack était un peu confus et il préféra ne pas répondre. Lipposuccia, que l’incident avait déridée, se tourna vers Mikhalar dit :
– Avec tout ça tu ne nous à toujours pas dit comment tu avais retrouvé tes pouvoirs !
Les autres se demandèrent longtemps comment il avait pu faire car Mikhalar s’était endormi .
À Bélianthe, on assistait à une bataille sans pitié.
– Hé, hé, j’ai pioché une carte de réparation de charrette, s’exclama Ambrosius. Au prochain tour, les gars, je vais vous rétamer, c’est sûr !
– Hé, non, matelot, gloussa Trois-Chicots , voilà cent qui font mille et à moi la première manche ! C’est génial comme jeu le mille bornes.On n’avait pas ça sur nos bateaux pirates !
– N’empêche, toi avoir de la chance, dit Bork. Si toi pas avoir pioché Véhicule Royal Prioritaire, toi avoir perdu !
– Hé, hé, c’est ça la chan…
La porte s’ouvrit brusquement et une momie, un homme-yack, trois humains et une fillette firent une entrée tonitruante à l’Esquif.
– Ouais ! S’écria Bork en levant les bras au ciel. Eux pas tous morts !
– Ben il manquerait plus que ça ! dit Zordar. A part Drabza qui est tout le temps un petit peu morte, on est tous en forme !
– Pôvre ami, tu me fends le cœur ! commenta Drabza
Les effusions durèrent un moment, on fit la présentation de Yakavolé, puis il fallut raconter à un Trois-Chicot attentif toute l’histoire par le menu. Enfin, pas toute, car il en manquait un bout. Depuis qu’il était entré Mikhalar ricanait dans un coin avec Grolobb. Soudain, Zordar frappa du poing sur la table.
– Ça suffit, tes cachoteries pénibles! Alors tu nous raconte tout ou bien je…
– Je vais faire du rangement dans tes parchemins ! s’écria Plumette qui se dirigea derechef vers la chambre du magicien
Ce devait être un argument choc car Mikhalar couru l’en dissuader et s’installa confortablement pour raconter son exploit.
– Bien, en fait, tout a commencé au moment où, lors de je ne sais à quelle occasion, Zordar a parlé de canard. Ça à fait « coin » dans ma tête.Le seul moyen de récupérer mes pouvoirs c’était d’aller lire le fameux « Grimoire d’Al Thoreb »¹. Le hic, c’était que sans mes pouvoirs justement, je ne pouvais aller dans la dimension ou j’ai planqué le grimoire. Ensuite je ne pouvais pas non plus affronter les terribles démons que j’ai placés là bas pour le garder. Alors, il restait Grolobb. J’ai donc envoyé une bafouille à Ambrosius par l’intermédiaire du « Pouf-Pouf » et Grolobb est arrivé à Olympia le lendemain. Il m’a emmené auprès du livre et il a discuté avec ses copains démons.
– Ça discute de quoi des démons ? Demanda Plumette.
– Coin, dit Grolobb.
– Ah, oui ! D’histoires de démons ! Dit la fillette.
– C’est ça , repris Mikhalar. Ensuite notre démon-canard , qui avait repris sa forme originelle terrifiante, à emmené ses amis détruire quelques mondes pour rigoler. Pendant ce temps là, j’ai consulté le grimoire à la page : « Comment faire quand on a perdu ses pouvoirs à cause d’un bâton d’anti-magie ? ». C’était juste après la page : « Comment réussir un bon court bouillon », une page qui vous en conviendrez, ne m’aurait pas beaucoup aidé !
– Oui mais tu te serais amélioré en cuisine ça aurait été déjà ça ! Commenta Lipposuccia.
– Bref, grâce à une formule assez compliquée pleine de « w » et de « x », un truc terrible, j ‘ai récupéré mes pouvoirs. Grolobb est revenu. J’ai payé l’apéro aux démons, j’ai visité deux ou trois mondes en passant et je suis reparti à Olympia dans la foulée en me téléportant !
– Il y a quoi dans les autres mondes ? Demanda Zordar
– Dans un des mondes il y avait une terrible guerre entre des dindons géants et des tartes aux fraises. Ça fichait la trouille, croyez-moi !
– Je veux bien te croire, avoua le guerrier pensif.
Au moment ou ils passaient à table Tyrion débarqua avec Olivia, l’air radieux :
– J’ai une grande nouvelle !
A suivre…
Si vous avez manqué le début