Vertigéo – Bundgen/Delporte/Chéry

C’est à l’origine une nouvelle de Emmanuel Delporte (auteur, entre autres de l’excellent Stalingrad) que Lloyd Chéry, journaliste, grand amateur de BD et rédacteur en chef adjoint de Métal Hurlant, a adapté en un solide scénario.

C’est un monde post apo où ce qui reste des humains, tente sur une terre dévastée de construire des tours pour atteindre un ciel plus clément. Chaque minute est précieuse, les différentes tours se livrent à une féroce compétition. Les bâtisseurs sont cornaqués d’une main de fer par une hiérarchie sans pitié qui obéi à un mystérieux empereur.

Les dessins en noir et blanc de Amaury Bűndgen rendent parfaitement l’ambiance oppressante que subissent les ouvriers mais aussi avec quelques pleines pages, la démesure de ces tours perdues dans des nuages noirs et attaquées par d’horribles monstres. Certaines planches m’ont fait penser aux plus belles heures des Cité Obscures de Schuiten et Peeters. Puis vient le moment ou des personnages se révèlent et tentent de comprendre le pourquoi de ce monde absurde. Le scénario dévoile ses surprises au compte goutte et fait monter la tension à coup de courses poursuites et de poignants moments de bravoure. Du final, je ne peux rien dire pour ne pas divulgacher. Entre ce que l’on raconte aux bâtisseurs et la vérité, il y a un gouffre.

Il est évident que les analogies avec notre monde actuel sont fortes et au moment ou notre civilisation est à un point de bascule, ce futur n’est pas si improbable. Vertigéo est une belle réussite avec un parfait mariage entre le scénario et le dessin.

Star Wars – La Haute République – Convergence – Zoraida Cordova

L’ère de l’exploration bat son plein. Les Jedi sillonnent la galaxie pour mieux comprendre la Force ainsi que tous les êtres qu’elle relie. Pendant ce temps, la République, dirigée par ses deux Chanceliers, cherche à unir les mondes au sein d’une communauté de plus en plus vaste.
Sur Eiram et E’ronoh, deux planètes en orbite proche, la haine qu’éprouvent ces deux mondes l’un pour l’autre alimente un conflit croissant qui menace d’enflammer jusqu’aux systèmes alentours. Le dernier espoir de paix se présente lorsque les héritiers des familles royales des deux mondes projettent de se marier.
Avant qu’une paix durable ne puisse s’installer, une tentative d’assassinat contre le couple fait basculer de nouveau Eiram et E’ronoh dans la guerre totale. Afin de sauver ces deux mondes, le Chevalier Jedi Gella Nattai se porte volontaire pour démasquer le coupable tandis que la Chancelière Kyong dépêche son propre fils, Axel Greylark, pour représenter les intérêts de la République.

Convergence est le premier roman adulte de la phase 2 de la Haute République.

Deux planètes qui s’affrontent depuis des années en oubliant parfois pourquoi ( comme les clans corses dans Asterix) , des émissaires Jedi pas toujours appréciés et un Chancelier qui tentent de régler le conflit, des complots, des rancoeurs. Voilà un cocktail qui s’annonçait explosif.

Dans l’ensemble, ce roman tient ses promesses parce que les rebondissements sont nombreux et que les surprises ne manquent pas. Pourtant ce qui fait la force de ce Star Wars c’est que cette histoire se tient toute seule sans attache réelle avec le reste de la phase 1. L’idée de deux planètes totalement différentes est très ingénieuse : l’une est quasi désertique et l’autre est aquatique. Surtout, j’ai apprécié la manière dont l’autrice laisse du temps à ses personnages qui sont loin d’être monolithiques. Les deux principaux protagonistes, la Jedi Gella Nattai et Axel Greylark, le fils de la chancelière sont attachants chacun à leur manière. Ils ont tout deux un passé trouble et donc des réactions parfois imprévues.

Décidément, l’idée de raconter la Haute République permet de voir Star Wars d’un œil neuf avec des personnages neuf et c’est rafraichissant. D’ailleurs, ce roman ferait un bon film même si l’enjeu n’est pas vital pour la galaxie. Ce n’est pas du grand Star Wars mais c’est un bon Star Wars et c’est déjà pas mal.

Malory & le mystère de Greasper Town – Juliette Lepage

C’est une belle découverte que cette enquête menée par Malory Bloomfield, détective tenace et empathique. Sa supérieure, Mlle Spencer, lui confie une mission a priori farfelue : enquêter dans une ville qui n’existe sur aucune carte ; Greasper Town, une ville magique, invisible pour tout un chacun.

La situation est grave. Les habitants sont tous gagnés par une mystérieuse mélancolie qui, à terme, pourrait faire disparaître toute la ville.

Malory va devoir découvrir le pourquoi du comment.

Aux cotés de Malory, tout en visitant des lieux étonnants, le lecteur va rencontrer une belle galerie de personnages tels les jumeaux Vico mais aussi les trois policiers de Greasper Town un peu barrés, un drôle de vampire et d’autres que vous découvrirez le sourire aux lèvres.

Le ton est léger, pourtant chaque protagoniste a ses failles et c’est une véritable enquête avec des cotés sombres et un dénouement à la Hercule Poirot sauf que c’est un environnement magique et merveilleux.

Un premier roman qui nous fait découvrir une belle écriture avec des abords de policier classique, mais avec un récit original, palpitant et sensible.

Il faut savoir que j’ai rencontré Juliette Lepage sur un salon, ou sa cécité m’a permis de bénéficier d’une dédicace très originale (si vous la croisez aussi, vous comprendrez) et d’un marque -page unique en braille !

Bien sûr, j’espère une suite et je peux vous affirmer que Juliette Lepage est une autrice à suivre.

Best of 2023

Voilà, on est au bout du bout de 2023; Je me retourne pour faire un petit bilan de mes lectures et je me rends compte que sur une soixantaine de livres lus (pas uniquement de l’imaginaire), j’ai eu de très bons moments.

Voici donc mon top 10 des romans SFFF de 2023 dont j’ai parcouru les pages avec plaisir.

Un petit bijou de fantasy, hommage à Fritz Leiber, avec un décor oriental immersif, deux personnages , un ex-mercenaire fauché et un jeune mage plein aux as , que tout sépare mais qui se complètent parfaitement . Le mage Noon est un rêveur mais qui sous des airs d’ incompétence va se révéler redoutable. C’est plein d’humour et j’attend vivement la suite. Le petit plus ? La superbe couverture de Nicolas Fructus.

Dans des Etats Unis uchronique ou, depuis Lincoln, l’esclavage est toujours présent dans quatre états. Cela leur permet d’avoir une main d’oeuvre à un coût dérisoire. Le héros est un noir qui poursuit les esclaves fugitifs, c’est dire s’il est tiraillé et torturé. C’est un roman à tiroir qui révèle des surprises dans une atmosphère tendue et angoissante. Il a gagné plusieurs prix qui sont bien mérités.

C’est un coup de force que d’écrire un roman sur un personnage mythologique en retirant toute la mythologie. Ici, le demi-dieu celtique est vu à hauteur d’homme. De ce fait il y apparait vaniteux, têtu, mysogyne, insensible, bref pas très sympathique. On suit pourtant avec passion sa triste histoire rocambolesque à souhait et pleine de bruit et de fureur ! L’écriture tient le haut du pavé avec un véritable conteur aux manettes.

L’originalité de cette saga tiens principalement au secret de son personnage principal qui est une fille à qui on a fait prendre l’apparence d’un garçon pour lui éviter une mort certaine. L’histoire évolue dans un monde de fantasy assez classique avec pourtant un autre point fort : à l’instar de Robin Hobb, l’autrice prend son temps pour développer ses personnages. C’est ambitieux, riche, palpitant et agréable à lire. Que demander de plus ?

De la SF qui dépote pour changer. C’est un mélange détonnant entre de la SF avec une invasion extra-terrestre et une histoire de zombies. On ne s’ennuie pas une seule seconde et le sang gicle et ça cavale dans tout les sens. Les aliens sont terriblement cyniques, cupides et considèrent les humains comme de la nourriture (qui se révèle avariée). Les humains en fuite sont bien campés et on tremble avec eux dans leur trip de survie. On peut le dire c’est addictif !

Un roman que j’avais envie de lire depuis longtemps. Un chef d’oeuvre de la SF allemande qui est devenu un classique. Une histoire qui mêle l’absurde à une violence extrême. C’est d’une folle originalité on est vite happé. Au début c’est juste des artisans qui tissent, depuis des millénaires des tapis avec des cheveux. Pour qui ? Pourquoi ? Comme au cinéma, on fait petit à petit un zoom arrière pour découvrir l’univers dans son ensemble et les tenants et les aboutissants de cette histoire très énigmatique au départ. On va du simple au plus complexe. C’est un roman qui vous marque et qui laisse des traces par son originalité, sa construction brillante et sa profondeur de vue.

Stefan Platteau construit son univers de fantasy ( Le Sentiers des Astres) par petites touches. Ici des nouvelles et une novella qui permettent des découvrir au plus près le mage Peyr Romo et la reine Maroué. C’est passionnant et profond. J’en parle plus longuement ici !

Construire un univers cohérent avec beaucoup de personnages, c’est difficile. John Gwynne réussit à le faire en prenant son temps. On change de point de vue à chaque chapitre et on s’attache ainsi aux différents protagonistes. C’est bien fichu avec son lot de prophéties, de dieux bons ou mauvais, de trahisons, de moments de bravoure et des batailles. Ce n’est pas flamboyant comme du Sanderson mais c’est efficace. Comme quoi de la fantasy classique, quand c’est bien écrit, ça marche !

J’avais loupé les premier tome et j’ai pris le train en route mais ça ne m’a pas gêné. Ici le dépaysement est garanti dans cette Egypte uchronique qui mélange steampunk, fantastique et fantasy en 1912 ! La charmante enquêtrice Fatma el-Sha’arawi du Ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles (tout un programme) n’a pas la langue dans sa poche et ne s’en laisse pas compter ! Elle va devoir aidée par ses acolytes empêcher le retour d’un personnage légendaire qui veut mettre le monde à sa botte. Mais est ce le vrai ou un imposteur ? Vous le saurez en lisant ce roman spectaculaire, original et amusant qui est ma bonne surprise de l’année.

Le dernier titre et non le moindre c’est le Monde de Julia dont je vous ai parlé ici :

https://lemondedezordar.wordpress.com/2023/12/20/le-monde-de-julia-jean-baret-ugo-bellagamba/

Voilà, la liste se termine ici par ce feu d’artifice Egyptien et je me rend compte que 2023 fut une bonne année de lecture.

Vivement 2024 !

Le Monde de Julia – Jean Baret & Ugo Bellagamba

Le monde que nous connaissons est tombé et l’humanité est réduite à la portion congrue et en mode survie. Un essaim de petites communautés s’est créé chacune vivant sous ses propres règles et son dogme très rigide. Des règles absurdes et minimalistes issues de films ou de romans qui sont tout ce qui reste de la connaissance humaine. Ces différents groupes s’affrontent violemment pour acquérir un maigre pouvoir sous les yeux de chercheurs qui tentent de composer la société parfaite.

Loin de là , au cœur des montagnes vit Julia, une enfant abandonnée par ses parents.. Passionnée par le dessin, elle est élevée par Roland-17, un robot féru de mythologie et de science.Tout bascule lorsque, à court d’énergie, Roland s’éteint définitivement. Julia est obligée de quitter son abri pour aller à la découverte du vaste monde. Elle va rencontrer un nouveau mentor étonnant qui va continuer son éducation.

Ce conte philosophique et initiatique écrit d’un ton qui reste léger est parsemé de nombreux clins d’œils. Déjà le titre est un hommage au Monde de Sophie de Jostein Gaarder, un conte qui est une introduction à la philosophie. Les différents clans m’ont fait penser à Metro 2033 de Dmitri GlouKhovsi sorti en 2005 mais en version plus absurde.Pour le lecteur, le fait de trouver les différentes références s’avère très amusant.

Le roman fait l’éloge de l’éducation à l’ancienne très érudite de Julia à base de réthorique, de grands penseurs en contraste avec celle les clans qui ont tout perdu. Ces clans qui nous rappellent aussi les affrontements actuels sur les réseaux sociaux avec une tolérance proche de zéro et des arguments simplistes. Ecrit à quatre mains dans une belle harmonie, Le monde de Julia nous interroge sur la notion de société parfaite et juste qui, même avec de bonnes intentions, peut déboucher sur un résultat décevant. La fin du roman nous le révèle avec un dénouement inattendu. Au final, on peut conclure que ce roman réussit une parfaite osmose entre le fond et la forme et que ce conte à la fois léger et profond donne matière à réfléchir sur notre passé et surtout sur notre avenir.

Editeur : Mu

Illustration : Kévin Deneufchatel

Pages : 212

Prix :19,00 €

Illuminations – Alan Moore

Illuminations

V for Vendetta, Swamp Thing, Watchmen, rien qu’en citant ces titres, on sait que l’on a affaire à un géant de l’imaginaire qui depuis quelques années est passé des scénarios de comics au roman et en ce qui nous concerne aujourd’hui, aux nouvelles. Quarante années d’activité traduite et bien présentée chez Bragelonne.

Parmi ces textes, Ce que l’on peut connaître de Thunderman tient plus un court roman que d’une nouvelle. Il commence par une scène tragi-comique dans un restaurant ou quatre scénaristes de comics sont réunis. En suite, retour en arrière où , à travers l’histoire de ces quatre personnages, Moore raconte la grandeur et la décadence des comics et leur place dans la société américaine. C’est distrayant avec d’autre scènes marquantes et délirantes comme celle d’une certaine Convention. On devine facilement qui se cache sous certains masques (Thunderman c’est Superman et King Bee c’est Batman) pour d’autres, c’est plus difficile ce qui fait que deux cents pages c’est un peu long pour tout lecteur peu au fait de ce milieu. Moore y règle quelques comptes au passage. Les fans sauront avec qui mais les autres resteront à la porte.

Le Lézard de l’hypothèse est une nouvelle de fantasy dans le monde cruel des magiciens et de leurs plaisirs sexuels borderline ou un témoin muet constate qu’un amour peut tout détruire sur son passage.

Pas même de l’étoffe des légendes c’est un Comité qui étudie le paranormal et qui se fait infiltrer par des êtres surnaturels qui tourneboulent le lecteur avec cette nouvelle très amusante.

Maison de charme dans cadre d’exception raconte une drôle de visite de maison pendant l’apocalypse avec un certains Jez.

Dans ce recueil on trouve aussi un faux médium qui se fait bien arnaquer, une description du commencement de la vie juste après le Big Bang dans une ambiance un peu barrée. Moore s’attaque aussi à la nostalgie (avec le texte qui donne le titre au recueil) ou comment on peut y plonger et s’y perdre… définitivement.

Les deux derniers récits sont encore très différents avec un faux hommage à un écrivain avec une tripotée de notes de bas de pages et une discussion farfelue entre des morts.

Illuminations permet d’admirer le style puissant et immersif d’Alan Moore et aussi son imagination fertile dans une grande variété d’ambiances et de tons. Il adore nous réserver des surprises avec de faux semblants habilement dissimulés. Malgré tout, il faut reconnaître que certaines nouvelles sont assez exigeantes et pourront en rebuter certains.

Editeur : Bragelonne

Illustration : Greg Heinimann

Traduction : Claire Ktreutzberger

Pages :512

Prix : 28 €

Le chemin de Damas – Didier Reboussin

Le-chemin-de-Damas

Les Nautes ont entrepris de rallier le cœur de la lointaine galaxie M81, où, selon la prophétie de Joss, le Ténério, se cache une intelligence extraterrestre. Ils vont y rencontrer le Visiteur et recevoir une révélation sur le devenir de l’univers. Celle-ci fera voler en éclats leur unité. Cependant, ils ne reviendront pas les mains vides vers la Terre. Celui qu’ils emportent sur le chemin du retour sera-t-il le sauveur de l’humanité ?

Avec cette suite du très réussi L’arbre aux lunes,  on va de surprise en surprise. D’abord , au cœur de la fameuse M81, c’est le recrutement étonnant d’un célèbre personnage biblique (le titre est un sacré indice) en quête de rédemption. C’est le choc entre la technologie et un moment crucial de l’histoire de l’humanité. Par la suite c’est un feu d’artifice de rencontres (avec notamment le mystérieux Créateur) qui prennent Alban et son équipage au dépourvu et le lecteur tout autant. Je ne divulgâcherais pas l’intrigue, ce serait dommage. Ce second tome est moins tourné vers l’écologie mais tient plus du conte philosophique tant les décisions que doivent prendre les personnages peuvent avoir des conséquences sur l’avenir de l’humanité. Les dissensions sont nombreuses et radicales d’ou des clashs assez violents. L’homme est ainsi fait.

Dans une belle écriture fluide et agrémentée de clins d’œils aux amateurs de science fiction, Didier Reboussin mène sa fine équipe de navigateurs spatiaux avec habileté. En nous réservant des retournements de situation jusqu’à la fin. Les enjeux résonnent parfaitement avec ceux de notre époque et, comme le Commodore Alban, ferons-nous les bons choix ?

Editeur : Pulp Factory

Pages : 230

Couverture : Rémi Lecapon

Prix :14 €

Les Embrasés par Stefan Platteau

Les Embrasés

Ces trois textes que nous propose Les Embrasés sont tous situés dans l’univers des Sentiers des Astres dont quatre tomes sur cinq sont déjà parus.

Le premier , Mille et un torches, est un court prologue à la saga qui ravira ceux qui la connaissent et donnera l’eau à la bouche à ceux qui veulent la découvrir. On y assiste, à travers la vision de deux narrateurs, à la reddition de Marué Luari face l’héritier-roi Akhil. En vérité une drôle de reddition…

Ensuite nous passons au Dévoreur , un texte déjà publié par Les Moutons Electriques mais qui est une parfaite introduction au personnage du mage Peyr Romo.

Alors que le mage c’est absenté, sa compagne, Aube, remarque que leur ami et voisin Vidal a un comportement étrange. Il devient de plus en plus menaçant et commence à s’en prendre à ses propres enfants. Le jour ou il s’attaque aux enfants du mage, il est peut être trop tard pour agir…

Un histoire très sombre écrite comme un conte horrifique dans des décors fantasmagoriques. Peyr Romo doit puiser au tréfonds de lui-même pour affronter son adversaire. La fin est épique et angoissante à souhait. Un texte qui se dévore avec avidité ou le mage fait montre de sagesse et d’un courage à toute épreuve.

Pour clore cet ouvrage, nous retrouvons Peyr avec les Eaux de sous le monde. Il est appelé par son amie l’abbesse Agyre qui, suite à une inondation observe d’inquiétantes apparitions au sein de sa communauté.

C’est sous fond de rivalité entre deux abbayes avec son lot de secrets surgit du passé que, tel un Sherlock Holmes, le mage va mener une enquête éprouvante. Stefan Platteau décrit parfaitement la lourde ambiance qui règne dans ce vase clos mais aussi les beaux personnages secondaires qui sont riches de leurs tourments. C’est grâce à son intelligence mais surtout à son empathie que Peyr va découvrir la vérité. La devise de ce récit à tiroir étant peut être « Le mal engendre le mal ».

Les Embrasés, écrit dans un style riche mais qui reste fluide, est un intermède réjouissant en attendant le tome cinq de la saga ou une porte d’entrée avant de commencer le premier. En ce qui me concerne, Les Sentiers des Astres va bientôt rejoindre ma pile à lire.

Editeur : Moutons Electriques

Couverture : Melchior Ascaride

Pages : 352

Prix : 25 €

Que lire cet été 2023 ?

Si vous ne savez pas quoi lire cet été, je peux vous donner quelques pistes parmi les livres que j’ai lu ces derniers temps. Ils sont faciles à lire, ce qui est une bonne chose quand la chaleur vous embrouille l’esprit !

Commençons par du fantastique.

Blackwater

BLACKWATER par Michael Mc Dowell

C’est une chronique familiale qui se passe dans l’Alabama. Après l’arrivée d’une mystérieuse jeune femme, Elinor, en 1918, on va suivre. la famille Caskey pendant plusieurs décennies. La rivière Blackwater est elle-même un personnage important de cette histoire puisqu’elle va chambouler l’histoire des Caskey à plusieurs reprises. Le fantastique est au coeur de l’histoire mais il n’est pas spectaculaire. On va plus s’attacher aux personnages et à leur évolution avec en toile de fond un siècle d’histoire des Etats Unis. Une réussite magnifiée par le travail de la maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture sur les couvertures qui sont un véritable chef d’oeuvre !

Le dernier western

LE DERNIER WESTERN par Emmanuel Delporte

Dans une Californie Dystopique et ultra violente, une bande organisée diffuse des meurtres barbares sous forme de TV réalité. Un flic borderline va devoir sauver sa fille prise au piège par son petit copain mafieux. Il va se trouver mêlé a une guerre sans merci entre plusieurs protagonistes qui menace de plonger l’Amérique dans le chaos.

C’est un thriller saignant et addictif.
L’ambiance dystopique est glauque à souhait (ce futur n’est d’ailleurs pas complètement impossible) et Lucy Cole et son père se débattent avec leurs failles mais une volonté de fer ! La galerie de personnages est très réussie.
Des scènes spectaculaires et cinématographiques vous font tourner les pages sans répit.
Ca m’a fait penser à du Tarantino ou du Michael Bay, ça dépote !

L'ame de l'empereur

L’ÄME DE L’EMPEREUR par Brandon Sanderson

On a tenté d’assassiner l’Empereur. Il est inconscient et il va avoir besoin d’une nouvelle âme. Shai est une Forgeuse qui possède la capacité magique de modifier le passé d’un objet, et donc d’altérer le présent.  On lui donne une mission impossible : comment forger le simulacre d’une âme qui serait meilleur que l’âme elle-même ? Tout ça au milieu d’un funeste complot.

Vous l’avez compris Brandon Sanderson nous démontre toute l’étendue de son imagination fertile avec cette histoire très originale ou la magie est complexe . C’est plein de rebondissements et c’est aussi un Sanderson de seulement 200 pages !

Les Embrasés

LES EMBRASÉS par Stefan Platteau

Plusieurs textes dans cet ouvrage mais les deux principales histoires concernent le magicien Peyr Romo. Dans la Novella Le Dévoreur, il affronte un ogre qui se trouve être son ancien voisin et ami.

Dans le roman Les eaux de sous le monde; le magicien est appelé par son amie l’abbesse Agyre pour élucider une série d’apparitions inexpliquées au sein des deux ordres religieux rivaux .

Dans les deux cas on est dans un mélange de fantastique et de fantasy saupoudré de mysticisme. Une ambiance assez sombre, angoissante ou les fragilités du héros apparaissent au grand jour. Ce Peyr Romo est un magnifique personnage empathique  et courageux. Le style de l’auteur m’ a fait penser à Ursula Le Guin.

Le chien du forgeron

LE CHIEN DU FORGERON par Camille Leboulanger

Camille Leboulanger nous raconte l’histoire du fameux demi-dieu Cuchulainn héros de tas de légendes Irlandaises. Mais c’est un récit à hauteur d’homme sans enluminures et fioritures. La légende s’efface et Cuchulainn apparait avec son mauvais caractère, son ambition sans limite, son coté sociopathe, bref, avec plus de défauts que de qualités ! C’est un récit d’aventures, un récit d’initiation , une critique féroce de l’homme viril tout ça dans un style fluide. Le tour de force réside aussi dans le fait d’avoir réussi à agréger toutes les légendes celtiques éparpillées en un roman palpitant et sans concession pour ce héros mythique.

Voilà, vous avez de quoi faire avec des ouvrages très différents. Alors, je vous souhaite de passer un bon été avec de bonnes lectures !

Neighian – Louise Jouveshomme

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L’Union est un conseil composé des membres de chaque peuple du Continent. Il maintient une paix fragile quand, un jour, un meurtre est commis. Un elfe tue le Dominant de la Meute des loups (des loups-garous) plongeant l’Union dans le chaos au moment où la mystérieuse Ombre envoie ses Pervertis attaquer des convois et des villages.

Pour sortir de ce marasme, une solution existe : consulter les sirènes qui seules pourront trancher sur les raisons de ce crime atroce. Qui choisir pour accomplir cette mission difficile ? Un membre des Neighians, de redoutables guerriers et gardiens du Continent. C’est Heltia de Cytari, lieutenant Neighian qui va accompagner un elfe et un loup à la rencontre des sirènes et traverser un Continent en ébullition.

C’est le premier roman de Louise Jouveshomme et il est ambitieux déjà par sa taille, plus de 500 pages pour le premier tome d’un dyptique, mais aussi par le style d’écriture très soutenu et très imagé.

La première partie est surtout consacrée à une mise en place de l’univers avec de nombreuses descriptions fouillées Dans la seconde partie, l’intrigue se développe et tout s’accélère. C’est de la dark fantasy avec un bestiaire assez classique (elfes, nains, garous, vampires…) avec quelques touches personnelles. On retrouve dans ce roman, le défaut récurrent des auteurs débutants : celui de trop exposer et décrire leurs univers (les paysages, la politique, les mœurs et coutumes…). Ce qui fait que la première partie, avec son style particulier parfois teinté de poésie mais assez exigeant pour le lecteur, est très lente, presque sans dialogues pour respirer. Je dois avouer qu’il faut s’accrocher ! C’est loin d’être fluide.

Cela va mieux par la suite même si le personnage d’Heltia , courageuse mais bourrue, ne déclenche pas beaucoup d’empathie. L’intrigue décolle et nous capte enfin avec ses multiples complots et ses traitrises. Chaque peuple voulant tirer ses marrons du feu.

J’ai trouvé dommage que l’on n’en apprenne pas plus sur les fameux Neighians, les Casques Bleus du Continent.A signaler aussi le fait que les règles féminines douloureuses sont abordées et c’est rarissime.

Comme dans tout roman à tiroir, tout n’est pas révélé . Pour avoir les réponses aux multiples questions que l’on se pose, il va falloir attendre le second tome ! C’est sûr que Heltia n’a pas fini d’en baver.

Ce premier roman ambitieux mais pas exempt de défauts et exigeant pour le lecteur, nous fait découvrir  une nouvelle plume originale de la fantasy .

Editeur : Mnémos

Pages :543

Illustrateur : Emiliano Rensi

Prix : 24 €